Ces univers parallèles, virtuels, dans lesquels nous interagissons, jouons, achetons ou travaillons comme dans la vie réelle, sont aussi le nouveau terrain de jeu de l'économie décentralisée. Des univers en 3Dexistent déjà dans le monde des jeux en ligne mais aujourd’hui, un couple indien se marie dans le château de Poudlard version metaverse, un artiste californien est poursuivi par la marque Hermès pour vendre sous forme de NFT le célèbre sac Birkin, des ventes d’œuvres d’art y ont lieu, des concerts, des entreprises y ouvrent des bureaux, Carrefour y achète des terrains, on assiste même à des premiers cas de harcèlement.
La tech et ses géants en particulier se sont lancés dans la course au metaverse. Les gouvernements, quant à eux, y voient un enjeu de souveraineté et d’hégémonie mondiale. Question éminemment politique : qui aura les moyens de gouverner ces mondes numériques ? Les GAFAM sont les principales cibles des deux textes proposés par l’exécutif européen, Digital Markets Act, Digital Services Act. Les marques y voient un enjeu économique colossal. Gucci, Balenciaga, Nike, arrivent dans le metaverse et la plateforme Decentraland va accueillir la première « Fashion Week » en 2022.
Se pose la question écologique. Quelle empreinte carbone pour ces nouveaux mondes ? D’un côté, d’énormes data centers polluants et de l’autre, une réduction des déplacements pour se rencontrer ou travailler. Une nouvelle dimension s’offre à nous. De quoi rêvent les visionnaires de la tech ? D’un avenir où une combinaison de technologies telles que la réalité virtuelle, la réalité augmentée et la blockchain créent en synergie un espace numérique simulé persistant qui ne disparaît pas quand on éteint l’ordinateur et où on évolue sous forme d’avatars. Depuis l’annonce du changement de nom de Facebook en Meta par Mark Zuckerberg, en octobre 2021, prédisant l’avènement de ce nouveau monde, les initiés parlent de metaverse comme ils parlaient d’internet au début des années 90. 75 % des Français se méfient du metaverse. A-t-on des raisons de se méfier ? Qui régule ? Qui protège les données et la propriété intellectuelle? Fait-on face à un monde ésotérique, dédié à des communautés de geeks qui évoluent dans des univers parallèles ? Ou assistent-on à une révolution (on parle de Vème révolution industrielle), l’avènement du Web3 qui va bouleverser nos modes de vie et de consommation, un changement de paradigme sociétal qui vient questionner notre rapport à la réalité, la relation homme-machine et même notre condition humaine ?