Les principales caractéristiques du SDRA sont les dommages causés au surfactant pulmonaire. Le surfactant a de nombreux rôles essentiels au fonctionnement des poumons et, notamment, il réduit l’effort nécessaire à la respiration. En effet, le surfactant constitue une substance lubrifiante et tensioactive qui empêche les alvéoles pulmonaires de s’effondrer sur elles-mêmes et facilite la respiration.
Dans ce contexte, il a récemment été démontré que le virus tue les cellules épithéliales (les cellules de l'épithélium respiratoire ont notamment pour fonction la synthèse et la sécrétion du surfactant) qui émettent le surfactant à la surface des alvéoles.
Or, selon l'équipe du professeur Sznitman, l'épuisement des surfactants peut être particulièrement grave dans les SDRA liés au COVID-19.
Le traitement par surfactant exogène existe : il s’agit d’une procédure clinique établie et salvatrice dans le traitement d'un type similaire de SDRA qui affecte les nouveau-nés prématurés, dont les poumons en développement manquent de surfactant pulmonaire.
Chez les nouveau-nés, le traitement par surfactant exogène est basé sur l'administration endotrachéale de surfactant liquide (c'est-à-dire l'injection de surfactant externe dans les poumons du nouveau-né).
En raison des différences de taille pulmonaire, cette méthode d'administration s'est révélée inefficace chez l'adulte. En effet, du fait de la gravité, les instillations liquides s'écoulent rapidement dans les bassins.
LIFT est une méthode qui permet d’administrer du surfactant pulmonaire exogène sous forme de mousse. En effet, livrée sous forme de mousse, elle est capable de défier la gravité, et d’empêcher ainsi la formation de foyers liquides - qui auraient pu glisser dans les bassins.
A ce stade, le médicament est plongé dans la mousse ou bien, lorsque cela est possible, il produit lui-même de la mousse.
Dans le cadre d’une étude préclinique in vivo, l'équipe a examiné en détail l'innocuité et l'efficacité de l'utilisation de LIFT administré à l’aide d’un tensioactif (qui permet d’augmenter la capacité d’étalement) moussé dans un modèle présentant un SDRA sévère chez le rat.
Les rats ont retrouvé un état sain en 15 à 30 minutes, sans complications. Comme les poumons des rats sont trop petits pour démontrer que le liquide se propage de façon homogène, l'équipe a utilisé des expériences ex vivo dans des poumons porcins. Les résultats se sont avérés concluants.
L’équipe est à présent sur le point de démarrer une étude préclinique in vivo sur des modèles SDRA sévères chez le porc. En cas de succès, les chercheurs poursuivront avec les premiers essais cliniques de la thérapie, dans le but d'accélérer de manière considérable le développement d'un traitement pour les patients COVID-19 les plus sévères atteints de SDRA.
Notons que, indépendamment du virus, l’affection pulmonaire inflammatoire que constitue le SDRA touche, selon une étude américaine, plus de 190 000 personnes par an aux Etats-Unis, avec un taux de mortalité de 40 %. Ainsi, l’innovation LIFT constitue une avancée considérable qui permettrait de sauver de nombreuses vies.