Pendant le premier confinement lié à la COVID-19, tout le monde a cuisiné ! Lors du second, la tendance était cette fois-ci au jardinage à domicile. Les médias sociaux étaient inondés d'une pléthore de photos de plantes en pot et de gros plans de plantes grasses colorées. Selon les chercheurs, ce changement de tendance peut s'expliquer par le fait que le second confinement a provoqué chez les Israéliens une baisse de moral que même les glucides auraient eu du mal à soulager… Les citoyens israéliens ont donc essayé d'atténuer ses effets avec un peu de verdure !
De nombreuses études ont appuyé ce choix intuitif, démontrant l'importance de la nature et des espaces verts pour le bien-être émotionnel et physique des gens. Cependant, une nouvelle étude a montré que "se régaler de verdure" n'est que la partie visible de l'iceberg. Afin de bénéficier d'un bien-être émotionnel, les humains doivent se rapprocher et toucher physiquement les éléments naturels. Dans une étude publiée dans Conservation Biology, les chercheurs du Technion ont découvert que l'interaction avec la nature ne suffit pas. Pour que des avantages tangibles en découlent, ils ont constaté qu'il est important que les planificateurs conçoivent des espaces verts qui interagissent de manière positive et étroite avec la nature. L'effet de ce type d'interaction se produit en deux étapes. Dans la première, le fait de sentir et de toucher des éléments naturels, augmentent l'état de relation avec la nature. Cet état, à son tour, intensifie le plaisir que retirent les participants.
Les chercheurs, le Professeur Assaf Shwartz et le Docteur Agathe Colléony de la Faculté d'architecture et d'urbanisme du Technion, ainsi que le Docteur Liat Levontin de la Faculté William Davidson de génie industriel et management, expliquent que la proximité avec la nature améliore le bien-être, bien plus que l'exposition passive ou le simple fait de regarder un paysage vert. Sur la base d'une enquête menée auprès de 1 023 visiteurs du parc naturel de Ramat Hanadiv, ils ont constaté que plus l'interaction avec la nature est étroite (par exemple, une interaction qui comprend le fait de toucher des éléments naturels ou de sentir des fleurs), plus l'impact positif rapporté après la visite de la réserve naturelle est fort.
"Nos recherches ont montré que les personnes qui ont une affinité émotionnelle avec la nature sont généralement plus heureuses et tirent un plus grand profit des visites d'espaces verts ou de réserves naturelles", a expliqué le Professeur Shwartz.
Suite à ces résultats, les chercheurs ont mené une expérience auprès de 303 étudiants du Technion. Tous les participants ont passé une demi-heure en plein air sur le campus, chacun d'entre eux se voyant attribuer un des neuf indices différents à expérimenter en marchant. Ils devaient notamment sentir les fleurs, prendre des photos de la nature, toucher les éléments naturels ou éteindre leur téléphone. Les résultats ont montré que les participants auxquels on avait assigné des indices de distance psychologique proche de la nature (sentir et toucher des éléments naturels) se sont en effet sentis plus proches de la nature et se sont sentis mieux après la marche que le groupe de contrôle (sans indices). Contrairement à l'opinion dominante selon laquelle il est important d'appréhender la nature sans être dérangé, les participants à qui l'on a demandé d'éteindre leur téléphone pendant la marche ont moins interagi avec la nature, et ont signalé à la fois une augmentation de leurs sentiments négatifs et une diminution de leurs sentiments positifs après la marche. Selon le Docteur Levontin, "le fait d'éteindre le téléphone peut éventuellement amener les gens à y penser davantage, conduire à la FOMO (Fear of Missing Out) et, ainsi, ne permet pas une interaction significative avec la nature".
"Les gens sont aujourd'hui de plus en plus éloignés de la nature, ce qui a des conséquences négatives sur leur santé et leur bien-être et sur l'importance qu'ils accordent au monde de la nature", a déclaré le Professeur Shwartz. "Il est important de planifier des espaces verts qui permettent des interactions significatives avec la nature afin d'améliorer notre affinité avec celle-ci et notre bien-être émotionnel".
"Je pense que nous l'avons tous ressenti lors des récents confinements", a ajouté le Docteur Levontin. "Mais il est possible qu'en raison de l'aliénation croissante de la nature, la planification des espaces verts ne suffise pas à créer une expérience significative et à contribuer à la qualité de vie. Il faut donc réfléchir à la manière d'encourager les gens à aller dehors et à améliorer leur expérience de la nature".
"C'est précisément là qu'intervient notre recherche", a expliqué le Professeur Shwartz. "Au cours de l'expérience, nous avons démontré qu'à l'aide de petits indices, que nous avons appelés "indices d'expérience", les gens peuvent se rapprocher de la nature. Nous avons également découvert qu'il est possible d'améliorer l'expérience naturelle chez les visiteurs, ainsi que son effet positif après la visite. Même les smartphones peuvent être utilisés pour créer des expériences significatives pour nous tous, dans les parcs, les jardins et les réserves naturelles. Dans le même temps, il est important de veiller à protéger la biodiversité et de ne pas encourager des interactions susceptibles de nuire à la nature, comme la cueillette de fleurs. Les architectes paysagistes et les planificateurs environnementaux doivent réfléchir à des solutions qui encouragent la création d'interactions avec la nature, dont l'impact négatif sur la biodiversité est minime et l'impact positif est fort".
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