Interviewer : Comment as-tu découvert le Technion ? Qu'est-ce qui t'a attiré dans l'Entrepreneurship & Innovation Summer Program ?
Luc Le Flem : Je voulais entreprendre quelque chose de nouveau cet été là. Beaucoup de camarades de promotion me parlaient de leurs destinations exotiques prévues pour leurs vacances d’été : Equateur, Philippines, Brésil,…
De mon côté !? Du classique. Rendre visite aux grands-parents, à des amis, des cousins éparpillés dans l’hexagone.
Je voulais échapper à ces vacances déjà faîtes et refaites. Alors j’ai voulu partir loin. Pas seulement pour visiter, mais aussi pour apprendre et pour grandir.
J’ai discuté de cette idée avec quelques amis, et un projet a émergé de ces discussions. Il est même apparu comme une évidence : un Summer Program au Technion, école d’ingénieurs centenaire.
En Israël, la tendance est à l’entrepreneuriat, et un programme axé dessus m’ont évidemment attirés. Plus que le contenu des cours, c’est surtout l’idée de découvrir l’écosystème de l’innovation et des startups d’Israël qui m’a finalement convaincu d’entreprendre cette aventure.
J’en profite pour remercier X-Israël. L’association a financé une partie du projet et m’a donné quelques points de contacts des anciens X- au Technion.
Ce fut un plus pour profiter du stage.
Int : Peux-tu nous raconter comment tu as vécu cette expérience ?
L.L.F : Je faisais partie d’un groupe de 25 étudiants étrangers. Six nationalités étaient présentes : américain, sud-coréen, indien, espagnol, chinois et français (un autre étudiant français était présent). Cela m’a permis de tisser des liens avec quelques étudiants aux cursus différents, aux visions et approches des études différentes, ainsi que de créer de bons contacts. Je pense notamment à une forte amitié que j’ai construite avec un étudiant israélien (expatrié en Russie et étudiant aux Etats-Unis…), et que je compte bien faire perdurer.
Nous logions dans un hôtel à Haïfa et nous avions une navette à disposition pour un trajet de quinze minutes jusqu’au campus. J’en profite pour souligner ce qui sera sûrement le seul point négatif du séjour: notre logement était un peu à l’écart. Pas seulement éloigné du Technion, mais aussi du centre ville. Je pense qu’un logement sur le campus - et donc une proximité avec les personnes du Technion - aurait été plus profitable.
J’avais deux cours qui s’étalaient pleinement sur deux jours de la semaine. Au programme : théories sur l’entrepreneuriat, études de cas de célèbres entrepreneurs, cours sur des stratégies d’entreprises, des méthodologies concernant le lancement de startups.
Il y avait finalement une évaluation finale par cours pour vérifier que les éléments principaux avaient été intégrés.
Au lycée, j’avais eu l’occasion de passer quelques temps dans une highscool américaine. Peut-être était-ce parce que les étudiants américains étaient majoritaires ou bien parce qu’il s’agit du modèle local, mais j’ai ressenti une forte ressemblance entre les cours américains et ceux du Technion. J’entends par là l’existence d’une vraie proximité avec le professeur, un cours très vivant qui reposait sur l’échange entre les élèves, des visionnages de vidéos et des travaux pratiques - par exemple, pitcher une idée sans préparation devant toute la classe - très récurrents.
Ces cours étaient accompagnés de conférences d’entrepreneurs et d’agents travaillant dans les structures d’investissement, ainsi que de visites d’infrastructures du Technion et interventions de cadres de l’université. Nous avons pu assister à une conférence d’Enon Landenberg, fondateur de la Venture Capital Firm sFBI. Mon objectif était d’en apprendre plus sur le monde de l’entreprise comme sur le monde de la startup. Finalement, j’ai pu apprendre un canevas d’outils classiques utiles lors d’un lancement de business ainsi qu’avoir accès à des retours d’expériences de professionnels très proches de l’environnement de la startup.
En parallèle, des sorties culturelles optionnelles étaient organisées par l’encadrement du stage. N’ayant aucune expérience du pays, j’y ai allègrement participé. Couplées avec mes visites à travers le pays - le réseau de transport est vraiment bien développé - j’ai pu me faire une idée de l’environnement.
Le modèle de sécurité locale m’a particulièrement frappé, ainsi que l’armement omniprésent. On peut croiser un jeune homme en service militaire transportant son fusil d’assault en faisant ses courses. Pour rentrer dans un lieu public quelconque - le train par exemple, un contrôle important est exercé. Moi qui partais en Israël avec une petite appréhension sécuritaire, j’ai rapidement changé d’avis : je ne me suis jamais autant senti en sécurité.
J’ai ainsi pu visiter sereinement les villes principales du pays et les apprécier pleinement : Tel-Aviv, Jérusalem, Haïfa, Nazareth et bien d’autres. Elles contrastaient avec l’idée que je m’en faisais : j’ai vu des villes construites sur un modèle parfaitement occidental - même si chaque ville possède en son cœur un centre historique.
Finalement, si je devais m’imaginer la ville de San Francisco, je la décrirais comme Tel-Aviv.
Int : As-tu ressenti des différences entre les écosystèmes d'entrepreneuriat et d'innovation entre l'Ecole Polytechnique et le Technion ?
L.L.F. : première différence qui réside
entre l’École Polytechnique et le Technion est le nombre d’élèves : 14 000
étudiants en Israël contre 3000 en France! Forcément les infrastructures sont
différentes. Le Technion est une école qui destine ses élèves à l’entreprenariat.
Tel-Aviv est la seconde ville la plus prolifique dans la création de startups
derrière San Francisco. Je n’ai évidemment pas pu en faire le tour, mais doté
de nombreux laboratoires à la pointe de la technologie, le Technion incite
clairement ses élèves à l’innovation. Culturellement, l’université devait
former les ingénieurs chargés de la construction et du développement du pays
d’Israël.
L’innovation est par nature au cœur du projet du Technion. Si Polytechnique jouit également de belles infrastructures, l’École commence seulement à se tourner vers l’entreprenariat (notamment avec la construction de l’incubateur). Je pense que la différence entre les deux entités est essentiellement culturelle. Le modèle de l’X bascule progressivement vers celui de l’entreprenariat, en essayant de le mettre également au centre du projet éducatif, mais le Technion est clairement en avance dans ce domaine.
Int : Que t'a apporté l'expérience au Technion à ton retour à l'Ecole Polytechnique ?
L.L.F. : D’abord, j’ai appris à parler anglais! C’était évidemment la langue utilisée durant les cours. L’Hébreu n’étant pas une langue très répandue - mais qui est tout de même la langue officielle du Technion ! - tout le monde parle anglais couramment. Point relativement secondaire, mais c’est agréable de se dire qu’on est devenu bilingue.
Ensuite, un des cours consistait à la création d’une startup (fictive) : j’ai pu appréhender toutes les étapes d’une telle création, de la recherche d’une “idée disruptive” à la préparation du speech final, en passant par les prévisions de revenus et de coûts et l’établissement du business model. Cela m’a fait manipuler des outils qui s’avèrent bien pratiques dans certains cours cette année.
Mais cette période était avant tout une aventure humaine. Pendant un mois, j’ai visité le pays par moi-même. Beaucoup plus indépendant à mon retour, j’ai gagné en confiance et cela s’est confirmé à maintes reprises au début de l’année (recherche de stage 2A fructueuse, création de nouveaux partenariats pour mon Binet à l’École,…). Beaucoup plus ouvert, j’ai participé à de nombreux événements variés - axés innovation pour la plus part, et je suis beaucoup plus enclin à l’échange qu’auparavant. Je pense que mes nombreuses rencontres ainsi que la politique d’ouverture d’esprit du Technion en sont fortement responsable.
Int : Souhaiteras-tu par la suite renouveler une expérience de stage, semestre d'échange ou job en Israël ?
L.L.F. : Ce stage avait aussi pour but de me faire découvrir un environnement étudiant différent. Avec la multitude des stages proposés en 3A (master 2) et 4A (1ére année Doctoral), le séjour m’a permis de me faire un avis sur la possibilité Technion.
Un avis, certes, mais largement incomplet. Un stage au Technion avec l’Ecole Polytechnique s’orienterait sur des domaines plus scientifiques. Et durant mon séjour, je n’ai pas eu l’occasion d’apprécier la teneur de cours donnés dans ces domaines ni de côtoyer les chercheurs locaux.
Ce que j’ai pu apprécier en revanche, c’est, encore une fois, les grandes infrastructures disponibles sur place ainsi que le cadre de travail du campus. Et si ce cadre semblait fantastique, c’est surtout le cadre général - celui du pays - qui m’a le plus plu.
Etre accueilli une fois de plus sur le campus pour effectuer un stage d’une durée plus longue ne me déplairait pas, au contraire.
Quant à travailler en Israël, il est trop tôt pour se prononcer évidemment, mais c’est clairement une destination que j’envisage.
Interviewer :
Elie Jaskarzec
TECHNION FRANCE ET COLLABORATEUR
Recevez les actualités du Technion France
Thank you! Your submission has been received!
Oops! Something went wrong while submitting the form