Elle a été l’occasion pour monsieur Uri Sivan, nouveau président du Technion, de prendre la parole. Le professeur Uri Sivan a pris ses fonction à la tête du Technion le 1er octobre 2019. Il est âgé de 64 ans, réside à Haïfa,est marié et père de trois enfants. Il a servi comme pilote dans l’armée de l’air israélienne. Il est titulaire d’une licence en physique et mathématiques,d’une maîtrise et d’un doctorat en physique, tous avec distinction de l’Université de Tel Aviv. En 1991, après trois années au Centre de recherche IBM T. T. Watson à New York, le professeur Sivan a rejoint la faculté de physique de Technion. Ses recherches ont porté sur un large éventail de domaines, notamment la physique mésoscopique quantique et l’exploitation de la biologie moléculaire et cellulaire pour l’auto-assemblage de dispositifs électroniques miniatures. Le groupe du professeur Sivan conçoit et construit des microscopes à force atomique d’ultra-haute résolution.
Rappelant les ancrages du Technion dans son histoire, qui précède celle de l’état d’Israël, le professeur Sivan a dit l’importance du choix de Haïfa pour y fonder l’Institut. La ville est moins lourdement chargée d’histoire que Jérusalem et entièrement tournée vers l’avenir... Le Technion a pu prendre son envol et stimuler la recherche fondamentale et la recherche appliquée dans de très nombreux domaines, des recherches fondées sur une pluridisciplinarité systématique. Le Technion a toujours veillé à préserver une vision sociale de la société reposant sur la santé publique et l’éducation, qui doivent être accessibles à tous, quelles que soient les origines ou la religion. Il s’agit tout simplement de former les élites su savoir.
L’innovation est une énergie. Quand elle est inspirée par la jeunesse et portée par l’humain, elle peut changer la face du monde. Les liens entre Israël et la France au travers du Technion sont nombreux et étroits et ne cessent de se renforcer. La recherche doit s’inscrire au cœur de la nation pour affirmer son indépendance. Les thèmes de cette journée sont d’une grande actualité. Ils font naître à la fois des craintes irraisonnées et des espoirs parfois naïfs. La société numérique se fera, avec ou sans nous. L’humain doit être au centre.
E-santé & MediTech
Prévenir pour mieux guérir
La prévention est au cœur du discours officiel mais elle est en fait le parent pauvre de la médecine. L’homme moderne va devoir faire des efforts pour préserver l’avenir de l’espèce. Les scientifiques explorent la connexion possible entre la santé humaine et la technologie, notamment dans la prévention des conséquences infectieuses en chirurgie. Des caméras et des sensors spécifiques pour la prévention, le diagnostic et le traitement de la scolioses ont développés pour éviter l’utilisation des radiations de la radiographie.Des objets connectés fournissent des données d’observation des seniors dans leur comportement et surveillent leur environnement. Les données traitées par l’Intelligence Artificielle permettent de détecter une chute par exemple. Les secours peuvent alors être prévenus de manière automatique.
Maison peut passer de l’alerte simple à la prévention de la maladie en traitant les données recueillies. C’est ainsi que l’on cherche à détecter l’oubli ou le renoncement à la prise de médicaments essentiels. Il s’agit de vérifier l’observance du traitement et d’imaginer un traitement auto-administré qui détermine la posologie de la prise suivante. Il s’agit pourtant d’utiliser la technologie en restant éthiques. Accompagner les patients en les rappelant à l’observance du traitement ne doit pas être perçu comme une atteinte à la liberté mais comme un élément de prévention et d’assistance. En Hollande est employé un moyen souple. On utilise une boîte de recyclage équipée d’une carte sim qui détecte la présence d’une seringue après utilisation. Le patient remet la boîte à son hôpital qui vérifie de cette manière la bonne observance du traitement. Il existe aussi maintenant un logiciel spécialisé qui permet la détection de la dépression chez des sujets atteints de sclérose en plaques et d’anticiper la prise en charge et le traitement.
La technologie et le traitement des données par I.A. permet le développement rapide de la médecine personnalisée avec une précision considérablement accrue du diagnostic et l’adaptation du traitement. C’est le cas de la leucémie dont on identifie aujourd’hui 70 sous-types. Les éléments se combinent. La phase diagnostique utilise des machines de plus en plus performantes dans leur capacité de traitement numérique des données par l’Intelligence Artificielle. Ensuite, le séquençage des cellules responsables d’un cancer quasiment à la cellule près, permet d’en faire une cible précise d’un traitement par des molécules qui ne vont atteindre et détruire que celle ci.
Il s’agit d’accueillir l’évaluation des nouveautés et l’impact de la prévention et du traitement. Un sujet est particulièrement sensible, celui de l’utilisation thérapeutique du cannabis. La France commence seulement s’y consacrer. Utilisé comme médicament depuis 5000 ans, le cannabis est un traitement alternatif de la douleur. La démarche scientifique est aujourd’hui de déterminer, par les moyens modernes, les molécules qui font l’efficacité du cannabis et de les répliquer en laboratoire dans une démarche pharmaceutique.
Foodtech/agritech
L’un des volets essentiels de la prévention est celui de la meilleure nutrition.
100% des maladies chroniques ont un lien avec la nutrition. Parmi celles ci, l’obésité qui atteint 17% de la population générale. C’est une maladie physiologique mais aussi une maladie de la société. Les médicaments sont difficiles à prescrire car ils sont omni-efficients sur les tissus. D’où la chirurgie qui est utilisée beaucoup aux États Unis, au Brésil et en France. Comment éviter cela par un changement de comportement du patient et comment maintenir ce changement à long terme? Les industriels peuvent créer et mettre sur le marché des produits bons pour la santé et agréables à consommer. Les fabricants de matériel peuvent redonner l’envie de cuisiner avec des produits connectés intégrant beaucoup de numérique sous forme de nouvelles technologies adaptées aux recettes et aux conseils mais aussi à la marche de l’appareil. Cela fait appel à des équipes pluridisciplinaires bien au delà des mathématiques. Il y a là un excellent exemple de l’appropriation de l’Intelligence Artificielle parles hommes et les femmes dans leur vie quotidienne. Mais l’I.A connaîtra également un rôle important dans la traçabilité des produits tout au long de leur existence. Chaque aspect de la culture et de l’élevage sera pris en compte pour l’améliorer et obtenir une alimentation de qualité optimale au plan de la santé publique. Mais ce qui est vrai pour une nation l’est aussi pour le monde entier. 2 milliards de personnes sont mal nourries.
E-environnement & bioéconomie
On aborde là une problématique connexe, celle de l’environnement et des atteintes qui lui ont été portées. La biodiversité s’est effondrée. Les conséquences sur l’agriculture sont énormes, les sols agricoles sont dégradés et les désertifications s’étendent. Pour nourrir le monde il va falloir faire croître l’offre alimentaire de 30 %, préserver la ressource en eau, mieux articuler les politiques publiques et aussi équilibrer les régimes alimentaires en diminuant la consommation de viande, en augmentant celle de protéines végétales et en luttant contre le gaspillage. La bio-écologie remplacera la chimie, la meilleure connaissance du microbiote va permettre de faire diminuer la consommation d’antibiotiques. Le rôle de l’I.A. dans ces évolutions sera déterminant. Il initiera des phases d’e-learning afin de diffuser le plus largement possible les connaissances et les nouvelles pratiques. Cela atteindra l’éducation, la politique par les législations et l’adaptation de l’alimentation qui va devenir un secteur en forte expansion économique et intellectuelle.
Smart city/mobilité
Mais l’évolution du monde appelle une ambition forte : faire baisser l’émission de CO2. La cité, sa conception, son organisation architecturale, la cohérence des mobilités vont solliciter l’I.A. Internet partout et pour tous permettra de diviser un énorme problème en petits problèmes, en mutualisant l’énergie par exemple. La baisse du CO2 va obliger les sociétés de transport public à imaginer des solutions innovantes incluant des énergies nouvelles comme l’hydrogène et des concepts nouveaux comme le véhicule autonome, partagé ou non. Les sites de proposition d’itinéraires incluent de plus en plus souvent des suggestions de modes de déplacement alternatifs comme le vélo ou la trottinette. L’économie circulaire, la partage,détermine les comportements et quand ils sont innovants, ils précèdent l’économie. Le covoiturage et ses variantes en sont un bel exemple. Il ad’abord été un concurrent des entreprises publiques de transport e celles-ci s’y sont converties en entrant dans leur capital et même en en prenant le contrôle capitalistique. Les exigences nouvelles en matière d’environnement déclenchant des investissements d’une lourdeur exceptionnelle. La RATP développe un plan de remplacement de bus qui va jusqu’en 2025 et 70 rames de métro seront remplacées d’ici 2026. En matière de transports s’agit-il de faire mieux ou plus ? La réponse est difficile car les exigences de mobilité s’accroissent. L’évolution de la technologie téléphonique peut servir de modèle. Une fois l’équipement des réseaux conduit à bonne densité, il s’est agit de faire mieux au lieu de plus. Les réseaux ont évolué au rythme de la technologie (3G, 4G, 5G maintenant) mais la densité n’a pas énormément évolué en dehors de l’amélioration de la couverture. Une évolution comparable semble vouloir se dessiner dans les mobilités.
Editech/e-learning
L’éducation est elle même profondément impactée par le monde numérique et l’I.A.
L’esprit entrepreneurial, qui a toujours animé le Technion, est aujourd’hui une nécessité pour l’ensemble des universités du monde. Cet esprit doit faire vivre chez les étudiants le goût de la création de valeur. Pas seulement de la valeur financière mais aussi humaine. C’est ainsi que l’emploi prend du sens. L’innovation peut-elle s’enseigner ? Il s’agit de réapprendre à apprendre ou, mieux d’apprendre à désapprendre...c’est à dire de faire le vide de ses certitudes, éventuellement par la méditation, afin de libérer dans son esprit la possibilité d’accueillir de nouveaux savoirs. Conduire la formation au-delà delà compétence technique ou technologique jusqu’à la création d’entreprise en conduisant la recherche de financement est une nouveauté d’ampleur à notre époque. On retrouve là la richesse et la variété de compétences des sages de l’antiquité grecque qui étaient à la fois, philosophes, géomètres, artistes et gérants d’écoles prestigieuses. Aujourd’hui la technologie va tellement vite que l’entreprise a du mal à suivre. Par la formation interne et continue, elle peut relever les défis de l’époque en allant aussi vite que la technologie. Le mode de diffusion de savoir est donc primordial au sein même de l’entreprise,quel que soit son secteur d’activité. Le numérique semble nous conduire vers un nouvel humanisme reposant sur un savoir universel accessible à tous ceux qui le souhaitent. Une idée soutenue par l’Unesco dans le principe acté des« ressources libres de la connaissance numérique. »
Le profil des étudiants a changé et il faut prendre en compte ce phénomène. Les étudiants veulent être stimulés dans leur créativité et atteindre des emplois riches pas seulement en compétence technique mais en sens. L’université doit être là désormais pour développer la pluridisciplinarité, le goût du risque,celui de la formation tout au long de la vie et intégrer le droit à l’erreur.La demande de sens conduit à la légitimité de la réflexion sur la responsabilité sociale de l’entreprise, sur sa conformité à l’intérêt public et à ...l’éthique….
Le mot est lâché, qui habite chaque journée scientifique du Technion France...éthique, humanisme et universalité.
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