Le professeur Alon Wolf, patron du laboratoire de biorobotique et de biomécanique du Technion. Sa start-up de robots médicaux miniatures, fondée aux Etats-Unis, a levé 250 millions de dollars.
Dès la gare de Haïfa Carmel, le ton est donné. Les enseignes de Google, Microsoft ou Qualcomm sont visibles de loin sur le toit des immeubles en verre de la zone commerciale. Le géant du semi-conducteur Intel emploie ici plus de 6 000 personnes - la moitié de son effectif israélien - dans ses laboratoires de recherche, où ont été conçues ses technologies Pentium ou Centrino. Les géants de la hightech américaine se sont installés au plus près de l'un des pôles d'excellence de la recherche israélienne : le Technion, construit sur le Mont Carmel, au sud de Haïfa.
Le vaste campus et ses 18 facultés offrent aux 15 000 étudiants une vue époustouflante sur la basse Galilée. Seule la crème de la crème est acceptée. Au tournant des années 1990, l'université a reçu un gros coup de booster avec la vague d'immigrants des anciennes républiques du bloc soviétique : 55 % d'entre eux possédaient une licence ou une maîtrise. La population étudiante a été multipliée par trois. Et la croissance a décollé tous azimuts. L'université est engagée dans 250 accords de coopération avec d'autres facultés, des instituts de recherche ou des entreprises comme Sanofi, Havas ou Veolia. Le campus est résolument tourné vers l'international.
Boaz Golany est le vice-président en charge des relations extérieures. Son bureau est rempli de souvenirs de ses nombreux voyages en Chine. Photos et objets insolites font référence, pour l'essentiel, à la branche chinoise du Technion inaugurée en 2017 sur le campus de l'université de Shantou, dans la province du Guangdong. Le projet a été financé à hauteur de 130 millions de dollars par le milliardaire hong-kongais Li Ka-Shing, tombé en admiration devant ce haut lieu de l'innovation israélienne lors d'une visite, il y a six ans. Dans le même temps, l'université a ouvert une importante antenne sur le campus de Cornell, à Manhattan. " Depuis 2013, nous nous positionnons comme une passerelle entre la Chine et les Etats-Unis sur les sujets de R&D, nous essayons de jouer les go-betweens, mais en ce moment nous marchons sur une corde raide ", confie Boaz Golany. Le Technion en a vu d'autres. Fondée au début du XXe siècle par le mouvement sioniste, présidé à sa naissance, dans les années 1920, par Albert Einstein, l'université polytechnique est devenue après la création d'Israël, en 1948, le fer lance de la construction du pays.
« Nous n’avons jamais pensé en dehors de la boîte parce que nous n’avons jamais été dans la boîte », plaisante Boaz Golany. Dès le commencement, l’université s’est tournée vers l’extérieur, obéissant au précepte édicté par ses fondateurs : recherche fondamentale et appliquée sont les deux faces d’une même pièce. Le père fondateur David Ben Gourion lui avait fixé pour objectif de développer les bases d’un secteur aéronautique. Le pays possédait huit chasseurs, reliques de la Seconde Guerre mondiale introduites pièce par pièce au nez des militaires britanniques. Les inventions du Technion ont engendré une industrie qui emploie plus de 18 000 personnes aujourd’hui. L’une des plus dynamiques du pays.
Alors qu’en France la recherche appliquée est encore vue comme un art mineur, les dirigeants du Technion en ont fait leur marque de fabrique. Tout est fait pour pousser les inventions hors des laboratoires, vers le marché. Des programmes d’entrepreneuriat, un incubateur, un accélérateur, un parc d’entreprises, un fonds d’investissement de 200 millions de dollars monté avec des partenaires chinois et américains… En vingt ans, 1 600 alumni ont fondé 800 entreprises. Et des pépites à la pelle.
A la tête du laboratoire de biorobotique et de biomécanique, le professeur Alon Wolf a imaginé un robot serpent capable de trouver des victimes dans un immeuble effondré. « Des chirurgiens m’ont donné l’idée de le miniaturiser pour explorer le corps humain », raconte-t-il. L’entreprise qu’il a fondée aux Etats-Unis avec des associés américains a levé 250 millions de dollars et vendu des centaines de ces robots. En décembre dernier, ses collègues du laboratoire d’ingénierie mécanique ont vendu pour 1,6 milliard de dollars leur société Mazor Robotics et son robot spécialisé dans les opérations de la colonne vertébrale. Alon Wolf, lui, ne pense qu’à sa recherche et son nouvel objectif : au Technion, il vient d’ouvrir un laboratoire avec le comité olympique israélien pour augmenter les chances de médailles de ses athlètes.
Source : Challenges
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